Contraception et drépanocytose

Contraception et drépanocytose

Publié le 8 avril, 2011 par Dr. Maher Ftouh

Recommandations du Centre de Référence labellisé Maladies rares « Syndromes Drépanocytaires Majeurs » Mai 2009
1. Faut-il proposer une contraception aux patientes drépanocytaires ?
Oui, certainement car toute grossesse drépanocytaire devrait être planifiée.
Certaines patientes prenant de l’hydroxyurée en traitement de fond de la maladie
doivent recevoir une contraception car il existe un risque tératogène théorique.
2. Quels conseils donner à une patiente drépanocytaire en âge de procréer
concernant la grossesse ?

– Toute grossesse est à risque majoré pour la mère et le foetus (morbi-mortalité
importante). Elle devrait donc être planifiée et suivie dans une maternité de
niveau 3. Toute patiente drépanocytaire doit être informée sur cette question.
– Un conseil génétique doit être délivré à toute femme désireuse de grossesse. Il
faut évoquer, entre autre, la possibilité d’un diagnostic pré-natal, si le couple
est à risque d’avoir un enfant malade.
– Une grossesse ne devrait se programmer que lorsque la maladie est stable
(peu de crise, à distance de syndrome thoracique, facteurs déclenchant de
crises vaso-occlusives (CVO) contrôlés…).
– Des transfusions ou échanges transfusionnels mensuels peuvent être
nécessaires au cours de la grossesse (cf recommandation prise en charge de
la grossesse).
3. Quelle contraception proposer ?
Toutes les formes de contraceptions peuvent être proposées en suivant les
contre-indications et la surveillance habituelle.
3.1. Contraception mécanique par préservatif féminin ou masculin.
3.2. Pilules contraceptives :
o Pilules oestro-progestatives : Un risque théorique d’aggravation des
CVO lié aux oestrogènes existe. Cela ne doit cependant pas limiter leur
utilisation, en préférant les pilules micro-dosées, car ce traitement est,
dans la pratique, bien toléré.
o Pilules progestatives pures : On préférera les macro-dosés car les micro
dosés sont à prendre à heures fixes ce qui peut être irréaliste dans
cette population de malades. Ex : Lutéran® 10 mg (1 cp/j), 20 jours arrêt
10 jours et reprise (conservation des règles) ou en continu (arrêt des
règles).
3.3. Autres contraceptifs hormonaux :
o L’acétate de médroxyprogestérone (DEPO-PROVERA®, NORISTERAT®)
est un progestatif retard administré en intramusculaire (150 mg tous les
trimestres). Seul contraceptif étudié contre placebo dans la
drépanocytose. Il est efficace et pourrait améliorer les crises.
o L’Implanon® : Dispositif implantable avec une durée d’utilisation de 3
ans. Cela paraît un bon moyen de contraception, pratique pour ces
patientes. Ce traitement entraîne le plus souvent un arrêt des règles et
parfois des « spotting ».
3.4. Le stérilet :
Il n’est pas contre-indiqué chez la patiente drépanocytaire. Il faudra être
vigilant sur le risque infectieux (augmenté dans la drépanocytose). Les
valvulopathies et la nulliparité en contredisent l’utilisation.
4. Quel traitement proposer aux femmes ayant des CVO rythmées par les cycles
menstruels ?

Un traitement par progestatif en continu (cf supra) paraît être indiqué dans ces cas
afin de régulariser les cycles. Les oestro-progestatifs microdosés peuvent aussi être
testés.
5. Faut-il arrêter la pilule durant une CVO ?
Non, l’avis d’expert est de continuer la prise de la pilule mais aucune étude n’a été
réalisée à ce sujet.
6. Que faire si la pilule est oubliée ou non prise du fait d’une hospitalisation pour
crise ?

Il faut alors terminer la plaquette entamée et utiliser une contraception mécanique
jusqu’aux prochaines règles.
7. Quelles sont les interactions médicamenteuses à prendre en compte ?
La rifampicine et le phénobarbital, inducteurs enzymatiques, diminuent l’efficacité
des pilules.
8. Peut-on prescrire la pilule du lendemain et comment ?
Oui (avis d’expert), dans les 72 h après le rapport sexuel, on peut proposer deux
progestatifs :
– NORVELO® 1 cp dans les 72 h après le rapport sexuel, à renouveler 12 heures
plus tard.
– TETRAGYNON® 2 cps dans les 72 h après le rapport sexuel, à renouveler 12
heures plus tard.
Plus la contraception est débuté tôt, plus elle est efficace.
Il faut conseiller à la patiente de bien s’hydrater et rester au calme après cette prise
afin de prévenir une éventuelle crise.
9. Quel moyen utiliser pour une interruption volontaire de grossesse (IVG) ?
Devant une demande d’IVG, le gynécologue doit prévenir le médecin responsable
du suivi de la drépanocytose car il existe un risque de crise après l’IVG. Une
hyperhydratation et le repos préventifs doivent être conseillés.
La méthode par aspiration utérine est à privilégier. Un échange transfusionnel doit
être discuté mais il n’est pas systématiquement nécessaire.
Le RU 486 (anti-progestérone) est à éviter car des CVO graves ont parfois été
rapportées.

Recommandations CRLMR Mai 2009

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